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1ère place du concours : Kimmy-Saki
La légende du Père Noël
- Le Père Noël ? Voyons, maman... Je sais très bien qu'il n'existe de pas vraiment et
qu'en fait, c'est juste papa qui se déguise.
La mère parut désespérée. Voilà maintenant la dixième fois depuis ce matin qu'elle
essayait de la convaincre que le Père Noël existait bel et bien ! Et bien sûr, qui le
saurait mieux qu'elle étant... la Mère Noël ? Néanmoins, elle ne pouvait se résoudre à
le dire à Risa, sa fille qui se trouvait devant elle et pleurant que Noël était gâché
parce que les parents n'arrêtaient pas de mentir à leurs enfants pour leur rentrer
des idées stupides dans la tête.
- Mais non, ma chérie, réesseya la mère en touchant délicatement l'épaule de sa fille,
le Père Noël existe, et tu sais pourquoi ?
La jeune fille resta sceptique un court instant, mais ne voulant pas - malgré ce qu'elle
prétendait - se résoudre à "oublier" le Père Nöel, elle tendit une oreille qu'elle
voulait à demie attentive. Les sentiments contradictoires que Risa ressentait firent
sourire sa mère.
- Et bien... Je vais t'avouer quelque chose que je n'avais osé dire à personne de peur
que tout le monde me prenne pour une folle.
- Même pas à grand-papa ou grand-maman ?
- Même pas à eux.
- Et à papa ?
- Non plus.
Risa sourit doucement et s'installa confortablement sur son lit et tapota une petite
place à ses côtés pour inviter sa mère à s'installer à son tour.
- Raconte-moi, je te promet, dit-elle avec la main sur le coeur, que je ne te trouverais
pas folle.
- D'accord, sourit la mère, alors c'était de cela très longtemps...
La fillette voyait déjà le paysage devant elle et ferma les yeux pour savourer l'histoire
de sa mère.
- J'étais une petite fille. Un peu plus jeune que toi. Je devais avoir 8 ans, à l'époque...
Bref, dehors soufflait le vent qui faisait doucement monter une tempête. Les flocons
de neiges virevoletaient partout, amenant avec eux un espoir fugace qu'il n'y ait pas
d'école le lendemain.
Nous étions à une semaine de Noël et la maison m'aveuglait les pupilles avec toutes
ses guirlandes lumineuses qui "ne servant à rien" disai-je.
J'étais assise, repliée sur moi-même, contemplant le gracieux balet que m'offraient
la tempête. Mes parents s'affaissaient à leurs tâches et je finis par m'endormir,
rongée par l'ennui.
Un petit bruit me réveilla malgré mon lourd sommeille. "Petit" bruit n'était peut-
être pas adéquat... Je dirai plus qu'un ÉNORME boum! retentit dans toute la pièce,
rebondissant en écho sur les murs richements décorés.
En tentant de ravaler ma curiosité qui me rongeait les entrailles, je gardai tout de
même les yeux fermés. J'ouvris précautieusement un oeil pour voir ce qui se passait
autour de moi. D'ailleurs, je me demandai pourquoi mes parents n'avait pas entendu
tout ce raffut !
- Grand-papa et grand-maman étaient déjà durs d'oreilles ? demanda Risa en riant
avec un rire cristallin.
- Haha! Peut-être que oui, répondit la conteuse en faisant un clin d'oeil à sa fille, tu
verras !
- Rooh là là... Maman ! Bon, et que s'est-il passé, ensuite ?
- Et bien, c'est là que tout se joue... Le vent qui soufflait de plus en plus fortement
faisait battre la fenêtre sur son encadrement qui rendait la scène plus effrayante.
Les douces lumières des guirlandes projetaient d'horribles ombres sur les murs avec
des oreilles pointues, un chapeu fourchu, un nez crochu et des dents...
- Maman, arrête ! implora l'enfant au bord des larmes. Tu me fais peur !
- Pardon, mais tu comprendras par la suite... sourit la mère avec affection.
- Ils ne sont pas méchants, hein maman ?
- Non...
- Ouf ! S'écria la gamine en se serrant contre sa mère.
- Alors, où en étais-je ? Ha! oui. Et des dents... d'humains ? Soudain, un petit
personnage tout mignon bondit hors de la cheminée et entra dans mon champ de
vision très restreint - car je te rappelle que je ne regardait la scène que d'un oeil.
Il était entièrement vêti de vert avec des bords laineux d'un blanc maculé de cendre
de la cheminée que mes parents n'avaient pas encore nettoyé. Il épousseta ses
vêtements verts et ses longues chaussettes rouges et noires et se retourna vers la
cheminée.
- Nicolas, dépêche-toi ! Un Papa Noël doit être rapide, efficace et silencieux, cria le
lutin - ou quelque chose s'y rapprochant..
- Oui, oui... J'arrive, Archille, calme-toi... déclara une voix encore dans la cheminée.
- De plus que toi, tu n'étais a-b-s-o-l-u-m-e-n-t pas silencieux... continua cette même
voix.
- Oh ! Nicolas ! C'est comme papa ! S'écria la jeune fille qui embarassa sa mère sans
s'en rendre compte.
- Ou... oui. Comme ton père. finit-elle quand même par dire. Mais si ça ne te dérange
pas, j'aimerai continuer mon histoire.
- D'accord !
- Alors... Le petit bonhomme vert regarda dans le salon et m'aperçut...
- Mais il est méchant le lutin : il a complètement ignoré Nicolas.
- Hahaha! oui... Mais et l'histoire ?
- Oh, pardon ! se reprit la jeune fille.
- Ce n'est rien. Alors, le petit lutin regarda et me remarqua. Il fronça des sourcils et
s'approcha.
- Il y avait quelqu'un dans le salon ? Mmmh, elle m'a l'air de dormir... Bon ! Nicolas.
Ici commence ton premier entraînement pour devenir le futur Père Noël.
- Mais...
- Tu es d'accord ?
- N...
- Super ! Commençons !
Malgré moi, je ne pus me retenir de rire et un léger son m'échappa. Je sentis le petit
garçon - qui devait alors avoir mon âge - me regarder et remarqua soudainement
qu'il était en costume rouge avec, comme pour le lutin, des bordures blanches
cotoneuses complètement maculées de cendres.
Je vis sa teinte prendre la même couleur que son uniforme et il essaya tant bien que
mal de se cacher.
- Finalement, la petite ne dormait pas... renchonna le petit lutin.
- On dirait bien que non, répondis-je de moi-même.
Le bonhomme secoua la tête et soupira. Il me regarda avec pitié puis regarda
l'apprenti Père Noël.
- Nicolas, tu vas devoir lui effacer la mémoire. Il ne faut pas qu'elle se rappelle de
nous.
- Mais... On ne peut pas faire ça. C'est injuste ! s'écria-t-il, indigné à ma place.
- C'est vrai ! Et puis, je vous promet que je n'en parlerai à p-e-r-s-o-n-n-e. Promis,
croix de bois, croix de fer, si je mens, je vais en enfer ! dis-je, ma main posée sur le
coeur.
Le garçon Noël sourit en me regardant, mais le lutin - qui semblait être son
superviseur - nous sortit de notre bulle.
- Allez, les amoureux. Nicolas a encore du travail ! dit-il agacé des oeillades qu'on se
lançait.
- Oui, je dois... y aller. répondit celui-ci sans toute fois détacher son regard du mien.
- Donc tu es venu en traîneau ? lui demandai-je.
- Et bien... oui.
- Et tu es le fils du Père Noël ? demandai-je avec une excitation grandissante.
- Non, ria-t-il. En fait, je suis orphelin...
- Oh! pardon, je ne savais pas...
- Ne t'en fait pas, je ne suis pas triste pour autant.
- Hum ! s'impatienta le lutin.
- Bon... je crois qu'il est temps pour moi de partir.
- Attends ! C'est toi qui va distribuer les cadeaux, ce Noël ? demandai-je avec les yeux
brillants.
- Oui... dit-il en rougissant.
Il partit ensuite comme il était revenu, c'est à dire par la cheminée. Comme par
magie, toute la suie qui se trouvait sur le plancher disparut et mes parents
rentrèrent dans la salle.
- J'ai hâte à Noël ! dis-je devant l'air ahuris de mes parents qui pensaient que je ne
croyais plus au Père Noël.
C'est comme ça qu'à chaque Noël, j'attendais impatiemment la venu de Nicolas et
c'est aussi comme ça que tu es nées. dis la mère avec un clin d'oeil alors que le
principal intéressé entra dans la pièce avec des cadeaux.
- Alors comme ça, ma fille ne croit plus au Père Noël ? demanda-t-il.
- Non, j'y crois encore... En fait, non, je n'y crois plus : je sais qu'il existe. répondit la
fillette.
- Moi qui pensai te cacher que nous étions...
- Maman et papa... Noël ! finis la gamine à la place de sa mère.
La petite famille se souhaitèrent un joyeux Noël et s'échangèrent leurs cadeaux.
Soudain, un ÉNORME boum! retentit dans la pièce, près de la cheminée. Mais il
semblait que seule Risa l'eut entendu... Étais-ce son imagination ?
Pendant ce temps, un petit lutin tout vert et tout mignon du nom d'Archille se
retrouva écrasé par le jeune Nicolas qui ne pouvait décrocher ses yeux de sur Risa.
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